Intérêt du tarissement sur 6-8 semaines

Publication : jeudi 10 septembre 2015

Caractérisée par une absence de production de lait, la période de tarissement ou « période sèche » chez la vache laitière s’étend de la fin de la lactation jusqu’au vêlage suivant. En fonction de sa durée, courte (près de 30 jours) ou longue (près de 60 jours), les effets sur le lait produit à la lactation suivante, ainsi que sur la vache, ne sont pas les mêmes. L’intérêt principal du tarissement long est de « recharger » la vache pour redémarrer une lactation dans les meilleures conditions. 

Le cycle de production d’une vache laitière peut être divisé en deux grandes périodes : la période de lactation et celle de tarissement. Celle-ci est une étape cruciale qui conditionne le bon déroulement de la lactation suivante. Bien qu’elle soit au repos, la mamelle doit régénérer son tissu mammaire et se préparer à produire du colostrum, puis du lait en quantité et en qualité.

Augmentation de la production laitière

Pour que la vache soit capable de produire le maximum de lait à la lactation suivante, les cellules sécrétrices de lait de sa mamelle doivent avoir le temps de se régénérer. La durée de ce processus est d’autant plus longue que le niveau de production de lait de la vache est élevé en fin de lactation. Un tissu mammaire régénéré est un tissu qui est plus fonctionnel, donc apte à produire plus de lait. Il a été montré que le rendement de production laitière est optimal à 60 jours de tarissement, quel que soit le rang de lactation. En deçà de 50 jours, les quantités de lait sont réduites et cette baisse est due à une moins bonne fonctionnalité du tissu mammaire. Au-delà de 65 jours de tarissement, l’impact sur la production laitière est aussi négatif. Par conséquent, un tarissement long favorise une meilleure production de lait pour la lactation qui suit le vêlage.

Amélioration de la composition du lait

La durée du tarissement affecte également la qualité du lait. Comparé à une période sèche courte, des quantités plus importantes de matières grasses et de matières protéiques sont obtenues à la lactation suivante lorsque la durée du tarissement est de 60 jours. Les taux butyreux et protéiques sont en revanche moins élevés. Ceci s’explique par le fort rendement laitier associé au tarissement long (effet de dilution).

Assainissement de la mamelle

La période sèche est mise à profit pour traiter les éventuelles infections de la mamelle et pour protéger celle-ci contre les nouvelles contaminations qui peuvent survenir jusqu’au vêlage. Les traitements intra-mammaires systématiques au tarissement permettent d’améliorer l’état sanitaire de la mamelle. On estime qu’un traitement intra-mammaire au tarissement permet la guérison de 70 à 98% des infections intra-mammaires et qu’il réduit les nouvelles infections de près de 40%. En outre, il s’avère qu’un tarissement long améliore le comptage cellulaire à la lactation suivante. Les troupeaux atteints de problèmes de mammites doivent éviter d’écourter la durée du tarissement.

Une meilleure protection des veaux

La vache transmet tout son « capital immunité », du sang vers le colostrum, sur les 3 dernières semaines du tarissement. Avec une période sèche de 60 jours, ce transfert est favorisé et dans les premières heures de sa vie, le jeune veau peut bénéficier du colostrum maternel riche en anticorps qui lui assureront une bonne couverture immunitaire, notamment contre les principales maladies néo-natales. Si la vache a récemment été vaccinée, par exemple contre les agents des diarrhées néonatales, son colostrum sera enrichi en anticorps spécifiques de ces germes, ce qui garantira une protection renforcée du veau.

Restauration de l’état général de la vache

Au début de la période sèche, l’apport énergétique alimentaire est fortement réduit pour stopper la production laitière, puis ré-augmenté progressivement pour préparer la future lactation. La vache ne doit être ni trop maigre, ni trop grasse. Grâce à l’allongement de la période de tarissement à 60 jours, la vache dispose de temps pour ajuster son état d’engraissement jusqu’au vêlage.

Par ailleurs, le revêtement interne du rumen est parfois malmené en période de lactation, en particulier par les épisodes de sub-acidoses. 19 à 50% des vaches peuvent être touchées par l’acidose selon leur ration et leur rang de lactation. C’est pendant la période sèche que les papilles ruminales peuvent se régénérer. Avec l’aide d’une ration riche en fibres et pauvres en glucides fermentescibles, un tarissement de 7 semaines permet aux vaches de restaurer leur rumen. En outre, le tarissement long diminuerait le risque de retournement de caillette de 1,2% par rapport au tarissement court.

Enfin, le tarissement est la période idéale pour vérifier les aplombs et parer les onglons. La corne pousse à raison de 4 à 5 mm/mois et la sole fait entre 7 et 12 mm d’épaisseur. Il faut donc près de 60 jours pour que la sole soit intégralement reconstituée. Sur une période sèche longue, les onglons ont le temps nécessaire de repousser. De bons aplombs sont sources de confort pour la vache qui peut ainsi démarrer une lactation saine et productive.

Source: ABC éleveurs

 

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