Situation de la production laitière mondiale

Publication : lundi 6 juillet 2015

       La collecte européenne ralentit au 1er trimestre 2015 (- 1,3 % par rapport au 1er trimestre 2014). En Europe du nord, de nombreux éleveurs réduisent leur production pour limiter les dépassements de quota laitier. Malgré le coup de frein hivernal, sur l’ensemble de la campagne 2014/2015, les livraisons de l’UE-27 gagnent 2,9 %.

     Les pénalités pour dépassement de quota pourraient atteindre un record de 750 M€. L’Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas, l’Irlande, l’Autriche et le Danemark seraient redevables des plus grosses factures.

    La campagne laitière 2015/2016, la première sans quotas laitiers depuis 1984, s’ouvre dans un contexte de marchés moroses. Pour autant, la production est vigoureuse dans les pays d’Europe du nord et en Pologne. Les experts s’attendent à une collecte 2015/2016 en hausse de 1 %.

Poursuite de la baisse des prix du lait dans l’UE

         Le prix du lait pondéré par la production poursuit sa chute au 1er trimestre 2015. A 317 €/t, il perd 7 % par rapport au trimestre précédent.

         Le recul se poursuit sur les deux premiers mois de la nouvelle campagne. L’éclaircie sur les cours des ingrédients laitiers survenue en début d’année s’enraye début mars. Elle n’aura pas permis une amélioration des prix payés aux producteurs.              A court terme, l’amé- lioration des prix semble peu probable.

           Les coopératives Friesland Campina et Arla, des industriels européens majeurs, annoncent d’ailleurs des baisses de prix pour les mois de mai et juin.

Maintien des fabrications de poudres maigres et de beurre 

       Au 1er trimestre 2015, le recul de la collecte se traduit par un fort repli des fabrications de poudres grasses, peu dynamiques à l’export.

         La production de fromages est elle-aussi en baisse, compte tenu de la poursuite de l’embargo russe qui limite les débouchés. Face à une consommation européenne peu dynamique, les productions de lait de consommation et de produits fermentés reculent. Le lait est donc reporté vers la fabrication de poudre écrémée et de beurre. Ces produits bénéficient de débouchés à l’export grâce aux parités monétaires favorables.

      A noter, le beurre, la poudre maigre et le fromage peuvent bénéficier du programme européen de stockage privé subventionné. Si les stocks de beurre s’alourdissent, ils s’allègent peu à peu en poudre et fromage.

Production mondiale de lait : en baisse dans les premiers mois 2015, elle repart à la hausse au printemps

           En Australie, après des mois de dé- cembre et janvier peu dynamiques, la production repart pour la fin de la saison. Le cumul sur 10 mois de la saison 2014/2015 montre une hausse de 3 % de la collecte.

          En Nouvelle-Zélande, la production, sur les quatre premiers mois de l’année 2015, est stable par rapport à la même période 2014. Les effets de la sé- cheresse s’avèrent finalement limités, selon l’Institut de l’Elevage. La production était en effet en baisse en février et mars mais repart en avril. Sur l’ensemble de la saison 2014/2015, la production devrait afficher une hausse (+2,6 % sur 11 mois). Toutefois, la menace d’une nouvelle perturbation climatique El Niño pourrait perturber la production en Océanie. La probabilité que les précipitations soient infé- rieures à la normale dans cette zone du monde est élevée.

         Aux Etats-Unis, la production est toujours dynamique (+1,8 % sur les 4 premiers mois 2015), avec un prix du lait et de l’aliment favorables à la production. De plus, le cheptel laitier augmente au premier trimestre 2015. Les estimations de hausse de la production réalisées par l’USDA pour 2015 sont de 3 %. 

        Parmi les 5 principaux bassins d’exportations, seule l’Argentine voit sa production reculer en 2014 mais elle devrait rebondir en 2015. Globalement, les prévisions de l’USDA pour la production mondiale de lait de vache font état d’une hausse de 2 % avec une augmentation dans tous les principaux pays producteurs excepté la Russie. Ces prévisions restent incertaines et dépendront des conditions de prix et des disponibilités fourragères, en particulier en Océanie où El Niño pourrait conduire à la baisse de la production d’herbe et donc de lait en cas de sécheresse marquée.

Echanges de produits laitiers : baisse des importations de la Chine et de la Russie 

              Les échanges mondiaux sont marqués par la baisse des importations chinoises, que ce soit pour les poudres de lait écrémé (-33 % sur les 4 premiers mois 2015) et grasses (-53 %) ou pour le beurre (-44 %).

               L’UE parvient à augmenter ses ventes de poudre de lait écrémé et de beurre sur pays tiers aidé par un taux de change €/$ favorable. En Thaïlande ou au Japon par exemple, la part des importations de poudre de lait écrémé en provenance de l’UE progresse sur le premier trimestre 2015 par rapport au premier trimestre 2014. Pour les fromages, en revanche, les exportations européennes diminuent de 12 % sur les 4 premiers mois 2015 en raison de l’absence du débouché russe après l’embargo.

        Les exportations de la Nouvelle-Zélande en poudres grasses diminuent fortement en lien avec la diminution des importations de la Chine, son client privilégié. 

Prix des produits laitiers : retour à une tendance baissière

              Les prix des poudres de lait, du fromage et du lactosé- rum diminuent sur les marchés mondiaux. Ils sont à leur niveau du début 2010, voire en deçà.

               La réduction de la demande, en particulier chinoise, pèse sur les cours. Après un rebond en février, les prix ont donc repris leur tendance baissière entamée au début de 2014. Ce repli reflète une demande moins importante face à une offre suffisante.

                  Pour la zone euro, le taux de change €/$ reste encore favorable, rendant les produits en euro plus compétitifs, ce qui contribue à renforcer les exportations.

Prix du lait dans le monde : peu de variations ces derniers mois

             Le prix du lait en Nouvelle-Zélande est relativement stable depuis plusieurs mois (entre 239 € et 260 € entre novembre 2014 et avril 2015). Sur la plateforme d’enchère Fonterra, les prix diminuent entre mi-mars et début juin, ne laissant pas, pour l’instant, augurer une hausse des prix à court terme.

           Aux Etats-Unis, les prix de lait sont inférieurs à leur niveau 2013 ou 2014 sur les quatre premiers mois 2015. Cependant, les prix des laits destinés à la fabrication de lait liquide, de fromage ou de produits frais progressent légèrement entre mars et avril 2015. Seuls les prix destinés à la fabrication de beurre et de poudre sont en recul sur cette période.

Source: Note de conjoncture lait,  Chambres d’Agriculture : Bruno Boschiero (CA Meuse), Maud Marguet (CA Ille et Vilaine), Viviane Pons-Thévenot, Thierry Pouch et Chantal Rovelli (APCA)

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