Prévenir les infections mammaires

Publication : lundi 7 juillet 2014

De l'hygiène de traite à la réforme des vaches incurables, un bon protocole de prévention doit s'appuyer sur un diagnostic fiable tout en étant compatible avec la charge de travail dans l'élevage.

La surface de couchage doit être au minimum de 7 m2 par vache. Pour les troupeaux à plus de 7 000 kg de lait, il faut ajouter un mètre carré de couchage par tranche de 1000 litres supplémentaires.

Le fatalisme et le manque de réactivité quand la situation sanitaire du troupeau se dégrade sont les deux écueils à éviter explique en préambule le vétérinaire. 

1 - Bien diagnostiquer l'origine des infections

D'où viennent les bactéries en cause ? S'agit-il de mammites à modèle environnemental ou contagieux? « Les infections sont souvent d'origine environnementale. Mais on trouve également des modèles contagieux ou un mixte des deux ». Une bonne prévention passe donc nécessairement par une détermination des origines des infections (modèle épidémiologique).

« En cas de souci particulier, l'éleveur peut demander un audit de traite classique » à des spécialistes. Si le problème persiste, il faut aller plus loin en réalisant un audit de traite dynamique. Dans ce cas, la personne chargée de l'audit assiste à la traite.

2- Barrer la route aux germes du réservoir mammaire

Les bactéries présentes dans la mamelle provoquent le plus souvent des mammites subcliniques. Une vache infectée peut en contaminer d'autres via les manchons trayeurs.

« Il ne faut pas hésiter à réformer certaines vaches ou à recourir à des traitements antibiotiques adaptés pour limiter la contamination entre vaches. » Au-delà des règles de base pour une bonne hygiène de traite, le vétérinaire préconise dans ce cas « le pré-trempage des trayons avec un produit orienté désinfection, voire très orienté désinfection si les mamelles sont propres ».

En fin de traite, le post-trempage permet « de désinfecter les trayons qui ont été contaminés par le manchon trayeur. » Il doit être appliqué « sur toute la surface du trayon en contact avec le manchon. »

3 - Adapter sa stratégie aux mammites d'environnement

On rappellera pour mémoire quelques fondamentaux comme l'importance d'assurer une bonne ventilation dans le bâtiment et une surface de couchage suffisante. Il y a moins de risque de contamination environnementale avec des logettes qu'une aire paillée « à condition que les logettes soient bien nettoyées chaque jour et suffisamment paillées si elles sont en béton ». « Il faut absolument curer dès que la température de la litière des aires paillées mesurée au milieu de la stabulation dépasse 38 degrés. » Un thermomètre basique suffit.

« Noter l'état de propreté des cuisses et des mamelles sur environ 20 % des animaux des vaches permet de déterminer si les vaches sont propres ou non. »

Les lavettes, dont l'usage est plus indiqué dans un modèle environnemental et moins dans un modèle à réservoir mammaire, doivent être utilisées avec du savon de traite. Ce dernier enlève le sébum présent sur la peau des trayons et dans lequel se trouvent les bactéries. Si vous pratiquez le pré-trempage, utilisez plutôt « un produit moussant », pour ce type de mammites.

Pour le post-trempage, « on choisira un produit à effet barrière ». Ces produits ne doivent être utilisés « que si la peau des trayons est en bon état et si l'extrémité du trayon n'a pas été abîmée lors de la traite ». Ces produits permettent de déposer sur le trayon une pellicule qui limite le passage des bactéries vers le sphincter.

4- Gare aux impasses en hygiène de traite

Dans les troupeaux très sains, lorsque les trayons sont en bon état et lors de périodes à risques réduits (été si les vaches sont en pâtures), il est possible d'envisager de faire des impasses sur l'hygiène de traite. « Mais attention la stimulation des animaux est moins bonne et donc la traite se déroulera moins bien », prévient le vétérinaire. Par ailleurs, il arrive souvent que certaines zones des pâtures soient très souillées et deviennent très fortement contaminantes.

« Cette pratique de la suppression de l'hygiène de traite est donc risquée et économiquement non rentable. Il n'y a pas de gain de temps sur la traite », conclut le vétérinaire. A contrario, utiliser tous les leviers connus pour limiter les infections n'est ni nécessaire ni réaliste. Selon le modèle épidémiologique, il est en effet possible de privilégier certaines solutions. Le contrôle de la machine à traire une fois par an fait partie des incontournables tout comme le changement des manchons trayeurs « toutes les 2 500 traites (5000 pour les manchons en silicone) ou au minimum tous les ans ».

Une bonne préparation de la mamelle consiste à ne nettoyer que les trayons et les sécher avec une lavette ou un papier individuels. « Attention à bien respecter le délai d'action du produit quand on pratique le pré-trempage ou pré-moussage. » L'observation des premiers jets dans un bol à fond noir, voire sur le quai de traite, permet de détecter précocement les mammites subcliniques.

La désinfection systématique des manchons trayeurs ou l'utilisation d'une griffe spécifique est idéal après la traite d'une vache infectée.

Le post-trempage systématique des trayons est également recommandé. « En été, un désinfectant basique suffit. On peut choisir un produit moins cher parce qu'il rassemble moins de propriétés (pas d'effet adoucissant et barrière) tout en restant suffisamment efficace pour assurer une bonne désinfection. »

5 - Pratiquer un tarissement à la carte

Quel antibiotique ? Pour quelles vaches ? Avec ou sans obturateur du canal du trayon ? La réponse varie en fonction des situations. Pour les vaches saines et présentes dans un environnement à faible risque de contamination (prairie très propre), « on peut se passer d'antibiotique et d'obturateur ».

Il est également parfois possible de n'utiliser qu'un obturateur pour les vaches saines: trois derniers contrôles inférieurs à 200 000 cellules/ml et pas de mammites cliniques dans les trois derniers mois. « Le trayeur doit être très soigneux et rigoureux sur l'hygiène. »

Pour les vaches saines traitées aux anti-biotiques, il est préconisé un antibiotique à large spectre (bactéries Gram + et Gram -). « Il est possible de lui associer un obturateur car la durée d'action de ces produits varie de 3 à 6 semaines. Elle ne couvre donc pas toute la période sèche. L'obturateur fera le reste. Cette association est à privilégier si on doute des capacités de l'éleveur à faire très propre lors de l'infusion du produit. »

Pour les vaches infectées dont la réforme n'est pas encore envisagée, le traitement avec un antibiotique à usage curatif est incontournable en système conventionnel comme en bio. Une injection d'antibiotique par voie générale peut parfois s'avérer nécessaire. « Lorsqu'on observe dans un élevage un maximum de mammites durant les 100 premiers jours de lactation, il faut absolument faire évaluer sa stratégie de tarissement ».

6 - Ne pas hésiter à réformer les vaches à problème

Lorsqu'une vache infectée au tarissement le reste au vêlage, « mieux vaut la reformer ». La même stratégie est conseillée lorsqu'une vache a déjà reçu trois traitements parce que « cet animal a certainement des difficultés à développer une résistance aux infections. » Les vaches durablement infectées (5 à 6 mois) font aussi partie des candidates à la réforme. Mais attention. « Certaines vaches peuvent poser des soucis lors d'une lactation et faire le reste de leur carrière sans problème. »

La douchette...

 Utilisée pour laver les trayons sales, la douchette permet aussi de faire des économies sur les produits d'hygiène.


 Peut augmenter le risque de dégradation de la qualité du lait et la consommation d'eau

 

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